La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 18 avril 2017

Rien de tout cela n’était impossible.

William Trevor, Cet été-là, traduit de l’irlandais par Bruno Boudard, parution orignale en 2009.

Un beau roman.
Tout commence dans une petite ville d’Irlande, dans les années 50, par l’enterrement de madame Connulty, une femme dont on nous décrit la vie et la fortune et qui laisse un fils et une fille, tout à fait aptes à gérer tout cela. Un homme, Florian, prend des photos lors de cet enterrement, ce qui paraît curieux. Et puis, lors de l’été qui suit, Florian revoit à plusieurs reprises Ellie, une habitante du coin. C’est un amour qui naît.

Dilhahan reprit son chemin. Il stoppa devant une barrière, l’ouvrit et laissa descendre les chiens. Chaque soir, à présent, ceux-ci ramenaient les vaches seuls.

Ce récit d’un amour très simple est à peine dit, à peine évoqué, à travers les balades à vélo, les rencontres secrètes, les petits mots glissés sous une pierre. Il se glisse entre les aléas de la vie de la petite ville, du cordonnier, du fils et de la fille de Mrs Connulty, d’un vieux fou, du mari d’Ellie et d’autres. Chacun et chacune a ses drames, ceux de l’amour, d’un avortement clandestin, d’un accident mortel. La douceur de l’amour et la chaleur de l’été ne changeront rien à ces douleurs et ces déchirures intimes. Et le quotidien des poules à nourrir, des bêtes dans l’herbe, des oiseaux qui chantent continuera par-dessus ces grands et petits drames humains. Ellie est la seconde épouse très effacée d’un fermier, elle a une vie ordinaire, mais bien tranquille, avec ses occupations. Florian est le fils unique d’un couple artiste et ruiné, il se prépare à l’exil, il partira à la fin de l’année.
G. Clausen, Yeux bruns, 1891, Tate Britain, M&M
Une belle lecture. On ne sait pas trop où l’on va au début, car va-t-on suivre cet enterrement et cette succession qui s’annonce ? ou l’histoire de la petite ville ? ou remonter la pente des souvenirs ? Ellie et Florian sont au centre du récit sans être prépondérants. On a la sensation de beaucoup de petits riens et on peut avoir l’impression à la lecture qu’il ne se passe pas grand-chose ou que le roman est vide. C’est que l’on est dans un monde taiseux et discret, où les sentiments sont enfouis, mais bien réels.

- C’est sûr ? demanda-t-elle. Le dix-sept septembre ?
- Oui, c’est sûr.
Des pois de senteur sauvages étaient en fleur, tout en nuances blanchies et délavées de mauve et de rose. Des pommes se formaient sur les branches du groupe d’arbres qu’ils traversèrent pour se rendre au lac. Sur la rive, des rats d’eau se précipitèrent dans l’onde à l’approche de la chienne qui reniflait dans les roseaux.
- C’est un mardi, dit-elle. Le dix-sept septembre.






4 commentaires:

Hélène a dit…

Le genre de romans que j'aime, je note !

nathalie a dit…

Je crois que c'est un auteur qui plaît à pas mal de monde.

eeguab a dit…

Pas lu celui-ci mais plusieurs autres. C'est un grand auteur, très sensible et original.

nathalie a dit…

Oui, c'est exactement cela et je m'y mets un peu tardivement.