La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 16 mars 2017

De mieux en mieux !

Fruttero et Lucentini, Ce qu’a vu le vent d’ouest, traduit de l’italien par Gérard Hug, 1991.

Polar en Toscane.

Au début du roman, un enfant disparaît, avant d’être très vite retrouvé. Puis nous découvrons le lieu de l’action : une vaste propriété privée, rassemblant des villas dans une pinède, au bord de la mer, en Toscane. Mais on est en hiver, à Noël, et ce n’est pas la même ambiance. Un duo de comiques en quête d’inspiration, un couple avec une épouse dépressive, des femmes qui tirent les tarots, un comte amenant une jeune femme, etc. Une furieuse tempête. Et trois disparitions. Mais cette fois, personne ne réapparaît. L’enquête avance lentement, mais heureusement la police est aidée par… « un pessimiste », c’est-à-dire un dépressif en voie de guérison. Et les investigations se mêlent à la petite vie quotidienne de la pinède : le jardinier est cocu, il y a une invasion de rats, un musicien joue de l’orgue à la messe de Noël…

Avec un effort qui lui coûte de moins en moins, M. Monforti fait, mais sans mentir, ce que doit faire un conteur de chansons de geste : colorer, ou plutôt « maintenir élevée » la méduse pâle et avachie de la réalité.

J’ai d’abord apprécié cette ouverture assez longue et lente qui permet de s’imprégner de l’ambiance des lieux (et m’a évité de trop me mélanger entre les personnages). L’enquêteur pessimiste est également une originalité (même si sa maladie ne ressemble pas à la vraie dépression, mais bref). Il faut reconnaître que son penchant à toujours envisager le pire et à tirer toutes les conséquences catastrophiques du moindre détail lui permet d’échafauder des hypothèses tout à fait honnêtes. Les considérations sur les tarots m’ont un peu perdue, mais font pleinement partie de l’atmosphère.
Ce roman fait preuve d’un discret sens de l’humour et de l’ironie qui met à distance un certain nombre d’évocations. Les personnages originaux se succèdent ainsi, notamment un ermite féru des philosophes cyniques grecs. Et comme c’est l’hiver, tout le monde regarde Perry Mason à la télé.
 
Une pinède en été. M&M
Ce 26 décembre, jour de la Saint-Étienne (premier martyr chrétien, lapidé à Jérusalem), restera longtemps dans l’imaginaire collectif des Gualdanais concernés par l’entretien courant de leurs villas. Bien que la journée fût à demi fériée, voilà en effet que se présentent de très bonne heure au poste de garde le plombier Grechi, couramment surnommé le Phénix, Temperani, exemplaire rarissime de forgeron, et l’électricien Ciacci, alias le Parjure.
Ceux qui les ont vus glisser entre leurs doigts pendant des semaines ou des mois n’en croient pas leurs yeux. « Alors, je vous attends pour ce satané lavabo ? », « Vous passerez chez moi pour l’antenne ? ».

Merci Ysabel pour la lecture.



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