La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 2 octobre 2014

Les lois sont des toiles d’araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites.

Honoré de Balzac, La Maison Nucingen (1837) et Gobseck (1830).

Après la lecture de Splendeurs et misères des courtisanes, j’ai enchainé avec ces deux courts romans, où les mêmes personnages jouent des rôles importants.

Je craignais un peu la lecture de Gobseck en raison du fort antisémitisme de l’auteur. Je dois dire qu’il s’exprime de façon nettement plus douce. L’usurier est ici le héros. Et même s’il est dévoré par l’argent, il s’agit de faire connaître les péripéties les plus remarquables de sa vie, celles où il a durablement influé sur l’existence de personnages qui sont ici annexes, mais qui sont principaux ailleurs (une fille Goriot, le notaire Derville…). En revanche, il n’y a pas grand-chose sur la collection de peintures, qui passe un peu à la trappe, comme s’il s’agissait de deux personnages différents. Les Gobseck du Père Goriot, du Cousin Pons et de Gobseck coïncident finalement assez peu.

Mes amis, la plus grande marque de stérilité spirituelle est l’entassement des faits. La sublime comédie du Misanthrope prouve que l’Art consiste à bâtir un palais sur la pointe d’une aiguille.
M. Chagall, Le Juif et la chèvre, 1914, Centre Pompidou, image RMN.
Quant à la Maison Nucingen, elle permet d’en apprendre plus sur l’origine de la fortune du banquier (si, toutefois, vous comprenez quelque chose aux affaires financières, ce qui n’est pas mon cas) et par contrecoup sur l’ascension de Rastignac qui reste, sinon, assez inexpliquée (que devient-il après le « À nous, Paris ! »). C’est sans doute ce qui est le plus intéressant. La narration est menée par le groupe d’hommes de lettres et de journalistes des Illusions perdues, qui se font le récit de ces bonnes fortunes. Cette scénographie m’a un peu lassée.

Cet éléphant de la Finance vendrait des Députés au Ministère, et les Grecs aux Turcs.

6 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

J'adore ta citation : Quel homme !

nathalie a dit…

En te lisant, je me rends compte que quand Balzac crée un personnage un peu exceptionnel sous quelqu'aspect que ce soit, il ne peut s'empêcher de penser à lui. "Quel homme" : Nucingen ou Balzac ?

Anonyme a dit…

J'avais adoré Splendeurs et misères lu dans mon adolescence. Balzac, je le lis comme ça vient : Béatrix parce que mon amie d'enfance porte ce prénom, Les chouans parce que j'étais en vacances en Vendée, etc.

Le Salon des Lettres a dit…

Je note ces 2 titres dans ma PAL. J'ai déjà "Gobseck" dans ma bibliothèque. J'avais déjà eu un aspect très financier dans "Césat Birotteau" et je n'avais pas compris grand-chose pour tout ce qui touche à la finance mais même cela ne me fera pas reculer pour la lecture :-)

nathalie a dit…

Moi je me fais une quasi intégrale Balzac dont j'en lis à chaque vacances où je pars avec la liseuse. Ça doit faire 4-5 par an du coup. À ce rythme...

nathalie a dit…

Ah oui dans Birotteau je n'avais pas tout compris. Mais j'ai aimé en l'occurrence le point fait sur des personnages ponctuellement mis en lumière et en valeur, alors qu'ils sont souvent traités négativement dans les gros romans.