La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 5 juin 2013

la marche du cavalier traduit une sorte de dédoublement symptomatique de la condition féminine à l’époque de Jane Austen.


Geneviève Brisac, La Marche du cavalier, 2002.

Ce petit essai est à l’origine du challenge d’Anis concernant quelques noms de la littérature féminine. Comme beaucoup de ces noms me sont totalement inconnus, je l’ai lu avec intérêt. En quelques pages, Brisac présente des auteurs (femmes) et leur singularité. Il n’y a pas ici de biographie ou de bibliographie à proprement parler mais elle réfléchit à ces écrivains qui ont fait des joies et surtout des douleurs de la vie simple la matière de leur œuvre et de leur langue, partant du constat que ces « sujets » passaient souvent sous le radar des critiques par leur aspect trop « ordinaire ». Elle considère que ce qui unit ces écrivains est leur capacité à faire œuvre et surtout à élaborer une langue poétique à partir d’un fin travail à partir des mots et des faits les plus quotidiens. On est dans l’eau-forte, l’écrivain gratte, doucement, à la loupe, patiemment, un peu tous les jours. Ou dans la peinture de Chardin. Ce n’est pas toujours la littérature qui m’attire le plus, mais je partage le chagrin de Brisac qui ne comprend pas que l’on ne fasse même pas attention à elle, en vertu d’un préjugé à l’égard de tout ce qui serait « petit ».

J’en retiens surtout l’envie de lire des écrivains.
Celles que je connaissais déjà : Jane Austen (qui n’a pas encore eu l’honneur d’un billet sur ce blog mais ça va bien finir par arriver), Virginia Woolf dont j’ai lu et aimé récemment Entre les actes, Karen Blixen et ses très étranges Contes gothiques et Christa Wolf dont j’ai lu Trames d’enfance où elle raconte comment détricoter le fil de la mémoire d’une enfance sous le nazisme, un roman passionnant. Brisac présente longuement Cassandre dont une amie m’a parlé en termes tels que j’ai très envie de le lire et j’ai naturellement sa Médée au programme des prochains mois.
Celles dont je connais seulement le nom : Flannery O’Connor, Alice Munro – c’est surtout la première qui me fait envie.
Celles que je découvre avec joie : Ludmila Oulitskaïa et Sylvia Townsend Warner, et dans une moindre mesure Jean Rhys et Rosetta Loy, que je lirai peut-être.
Cela fait un beau programme de lecture !


Les femmes peignent en rose des sujets féminins. Manque de pot : les hommes aussi !
Maurice Denis, Maternité à la fenêtre, v.1899, musée d'Orsay, image RMN.
Le titre fait allusion à l’intériorisation du regard porté sur soi, des attentes et du désir des autres. Les femmes se voient à la fois elles-mêmes et par l'intermédiaire du regard des hommes.

« Qu’est-ce qu’une nouvelle ? demandait Isaac Babel. C’est le récit d’un événement inhabituel. Tolstoï écrivait vingt-quatre heures de la vie de ses personnages, moi, j’écris les cinq minutes les plus importantes. »

Deuxième participation au challenge d'Anis "Lire avec Geneviève Brisac". Les avis de George, d'Antigone.





3 commentaires:

Anis a dit…

J'aime beaucoup la lecture que tu en fais. J'ai ressenti les mêmes choses à la lecture, c'est pourquoi j'ai eu envie de le partager.

Arieste a dit…

Ton billet m'intrigue, je ne connais pas du tout cet auteur mais je suis très tentée de le lire :)

nathalie a dit…

Voilà, c'est un livre très intéressant et qui fait encore plus aimer les écrivains et la lecture !