La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 25 mai 2012

Comme nous ne le savons que trop bien, celui qui raconte une histoire ne rate jamais l’occasion de lui ajouter un point et parfois même une virgule.


José Saramago, Le Voyage de l’éléphant, traduit du portugais par Geneviève Leibrich, 1e éd. 2008, Paris, Seuil, 2009.

Livre présenté ici récemment par Ysabel, j'en rajoute une couche maintenant que je l'ai lu.

Un roman très agréable à lire : le roi João III du Portugal décide d’offrir un éléphant à l’archiduc Maximilien d’Autriche et le roman fait le récit du trajet de Salomon – c’est le nom de l’éléphant – à travers le Portugal, de l’Espagne, de l’Italie (où l’animal accomplit un miracle), les Alpes et jusqu'à Vienne. Bien évidemment Saramago ne s’embarrasse pas d’un roman historique, il fait le récit comme une promenade, allant et venant, écorchant la grandeur des rois, la pompe des églises, se moquant de la naïveté de tous – il y a un côté poulain au galop dans cette écriture qui ne s’arrête jamais.
Le vrai héros de ce roman est le langage : les mots qui sont faux, qui induisent en erreur, les noms que l’on change, qui désignent le contraire de ce qu’ils signifient, qui ne veulent rien dire… Saramago joue avec l’histoire, les Portugais, les Espagnols et les Autrichiens, les héros, les références historiques et réaffirme sans cesse le libre arbitre du romancier.

Le début :

Pour incongru que cela puisse sembler à qui ne serait pas conscient de l’importance des alcôves, qu’elles soient sacralisées, laïques ou illégitimes, pour le bon fonctionnement des administrations publiques, le premier pas de l’extraordinaire voyage d’un éléphant vers l’autriche que nous nous proposons de relater eut lieu dans les appartements royaux de la cour portugaise, plus ou moins à l’heure d’aller au lit. Précisons d’ores et déjà que l’emploi de ces vocables imprécis, plus ou moins, n’est pas l’œuvre d’un simple hasard.

Affiche des Folies-Bergères, l'orchestre des éléphants de Sam Lockart, vers 1890, Marseille, MuCEM, image RMN.

4 commentaires:

Asphodèle a dit…

Je me demande où tu déniches certaines de tes lectures, ha ha !!!^^

nathalie a dit…

Dans l'immense maison d'Ysabel.

claudialucia a dit…

Saramago : Quel style! On est pris dans un brillant tourbillon de folie!

nathalie a dit…

C'était mon premier Saramago mais oui, j'ai bien envie de continuer.