La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 3 août 2016

Tout est très sensé… et très, très civilisé.

J. G. Ballard, Sauvagerie, traduit de l’anglais par Robert Louit, parution originale en 1988, édité chez Tristram.

Une petite relecture pour se glacer la moelle.

Un roman très court, mais impressionnant. Nous lisons les notes et le rapport du psychiatre Richard Greville, consulté par la police. Le crime a déjà eu lieu et pas question ici de suivre un déroulement bien plan-plan. Dans un enclos résidentiel ultra luxueux près de Londres, un samedi matin, tous les adultes ont été massacrés en l’espace de 20 minutes et tous les enfants ont disparu. Pangbourne Village est pourtant un lieu voué à la perfection, à la santé, à la richesse, à l’épanouissement personnel, à l’humanisme et au partage de la culture. Et ne vous attendez pas au dévoilement de secrets intimes tous les plus glauques les uns que les autres. Non, il n’y a aucun secret ici, tout est transparent et contrôlé par vidéo-surveillance.

Les coquettes villas, posées sur leurs vastes pelouses, sont séparées les unes des autres par des rideaux d’arbustes d’ornement et des murets de pierres sèches. La lumière est sans éclat, mais remarquablement égale, conséquence d’un généreux découpage parcellaire (environ deux hectares par maison) et de l’absence des sapins argentés bon marché qui projettent leur ombre morne sur les façades pseudo-Tudor de tant de résidences de cadres dans la vallée de la Tamise.

F. Radziwill, L'Accident mortel de Karl Buchstätters, 1928, Essen museum Folkwang
Greville décrit des images vidéos, puis sa visite des lieux en compagnie d’un policier et les péripéties qui l’amènent à tirer ses conclusions. Ou comment une société qui se veut ultra-contrôlée fabrique ses propres monstres, froids et sans émotions. C’est un récit très efficace !
La langue est froide, dépourvue de toute émotion ou affèterie, presque clinique.
  
Il a toujours eu peur des chiens, qui ne sont autorisés dans la résidence que la nuit (tous les animaux de compagnie sont déconseillés à Pangbourne Village : ils salissent les pelouses et causent un détournement d’affection).

Destination PAL  – La liste des lectures de l’été.   

L’avis des vagabonds solitaires.



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