La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 4 janvier 2016

Hélas ! Madame, ne faut-il pas bien aimer un homme pour l'épouser ?

Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, écrit en une dizaine d’années, paru en 1842. 

Encore un court roman de Balzac.

L'héroïne en est Julie d’Aiglemont, jeune femme douée de toutes les qualités, et l’histoire raconte toute son existence, depuis son mariage avec un homme assez nul, jusqu'à sa découverte de l'amour et ce qu'il s'en suivra.
Ce qui est intéressant, c'est que Balzac fait le récit d'une vie entière simplement en passant d'un tableau à l'autre, entre lesquels peuvent se dérouler plusieurs années. Cela lui permet d'alterner avec efficacité les ambiances et les atmosphères. Nous passons des salons parisiens à la Touraine enchantée, à un château sauvage et à une scène de piraterie. C'est ainsi que nous effleurons tous les romans possibles qui n'ont  pas eu lieu. Le début et la ligne générale de la narration s'apparentent étroitement aux Mémoires de deux femmes mariées, de même Julie est un miroir inversé de l'héroïne d'Un curé de village, la fin du texte renoue avec l'atmosphère de Ferragus et des 13.
Je dois dire que cet aspect-là est des plus réussis.
Vue du cimetière du père Lachaise parce qu'une scène clé du roman
a lieu dans un cimetière...
Le roman pèche par quelques incohérences perturbantes. On y retrouve par ailleurs certains défauts habituels des romans de Balzac sur les malheurs des femmes dans le monde – oui, on est toujours puni de ses péchés !
Enfin, s’y lit la préoccupation fréquente de Balzac pour la vie de famille. La soirée de Noël entre les époux et leurs quatre enfants donne lieu à une peinture touchante et Julie est un lointain écho maternel du père Goriot. Toutefois, le lecteur sait bien que les apparences sont quelquefois trompeuses et qui dit famille dit aussi secret de famille…

Le triple tableau de cette scène, dont les aspects sont à peine indiqués, procure à l'âme un de ces spectacles qu'elle inscrit à jamais dans son souvenir ; et, quand un poète en a joui, ses rêves viennent souvent lui en reconstruire fabuleusement les effets romantiques.


L’avis d’Eliza.

3 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Cette phrase " son mariage avec un homme assez nul" m'a tellement fait rire !!!
Tu me donnes de plus en plus envie de me plonger dans Balzac !

nathalie a dit…

Est-il utile de préciser que Balzac ne le dit pas exactement comme ça ? Note que tu bénéficies d'une expertise qui te permettra le moment venu d'écarter les romans les moins bons !

Lili Galipette a dit…

Oui, j'avais compris que cette phrase était de toi. Elle est tout à fait excellente pour résumer une situation simple.
Quant à mon expertise, elle rouille et elle s'émousse.