La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 26 novembre 2015

Priez, frère Amédée, priez, prions, on est pris, la prière, je prie…

Félix Leclerc, L’Auberge des morts subites, 1963.

Une pièce de théâtre assez curieuse – il faudrait la voir quand même.

L’Auberge des morts subites, c’est l’endroit où arrivent les morts qui n’ont pas eu le temps de voir un prêtre avant l’instant décisif et ne se sont donc pas préparés. Un groupe d’anges a pour mission de détacher peu à peu de la terre une comédienne, un intellectuel français anticlérical (bien sûr), un anglais (c’est-à-dire un canadien de Toronto) et un paysan-politicard.
Le début ne m’a pas vraiment intéressée, car il ressemble un peu trop au Huis clos de Sartre, mais le ton change bien vite. Nous sommes dans une comédie : les humains alliés à Satan (sous divers déguisements, car c’est lui qui a le personnage du pitre) complotent pour attirer les anges sur terre et retourner à la vie alors que ces derniers ont divers soucis domestiques.

Mes amis, mes amis, mes amis. Assoyez-vous, respirez jusqu’à trois. Faites comme aux traverses à niveau en bas, écoutez, regardez, calmez-vous ! Enlevez-vous le pied de dessus l’accélérateur, c’est fini : « Æternitas commensat his momenti. »

D’après la présentation de l’ouvrage, je comprends que le texte est très ancré dans le Québec des années 60, quand être francophone et catholique n’avait rien d’évident au Canada. Certaines allusions m’ont donc bien sûr échappé. J’ai ainsi compris après coup l’importance d’Alouette, gentille alouette.
Les anges et les humains sont bien sympathiques, chacun tourmenté à sa manière. Personne n’est monolithique. Le ton de la seconde partie m’a fait penser aux pièces d’Anouilh avec cette façon de traiter de grandes questions par la simplicité bourgeoise et l’absurde tout à la fois.


Célestin : Et Dieu ? Tu crois qu’Il ne nous verra pas ?
Satan : En ce moment même, il nous entend et nous approuve puisque l’air ne bouge même pas. (Temps.) Un ange vient de passer.

Pour le mois Québec en novembre de Karine. Lire au Québec.


4 commentaires:

ysa a dit…

C'est le grand merveilleux Félix Leclerc !

Marguerite a dit…

J'ai vu la pièce il y a deux ans. C'est vrai que c'est une pièce assez curieuse ! Je n'ai pas détesté mais je n'ai pas adoré non plus... C'est très différent du travail que je connaissais de Félix Leclerc. Je te laisse un lien où j'ai parlé de cette pièce : http://lecturesdemarguerite.blogspot.ca/2014/04/un-peu-de-theatre-lauberge-des-morts.html

nathalie a dit…

Mais peut-être pas son texte le plus simple pour une française !

nathalie a dit…

Les pièces de théâtre, c'est toujours compliqué de s'en faire une idée avec ou sans mise en scène.