La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 17 novembre 2015

Je me fais vieux, et je voudrais voir ma fille établie avant d’aller fumer le fenouil du cimetière.

Joan Batista Favre ou Jean-Baptiste Favre, Histoire de Jean-l'ont-pris, écrit au XVIIIe siècle, vers 1753-1755, publié de façon posthume en 1877, traduit de l’occitan par Jules Troubat, édité chez Caillon Dorriotz.

Une nouvelle comme un roman picaresque du XVIIIe siècle.

Nous sommes dans la région de Nîmes. Un baron demande à un paysan de lui raconter son histoire pour le distraire sur la route et bien sûr le bavard se fait un plaisir de s'exécuter. Jean-l'ont-pris est fils de Margot la bâtarde et de Truquette lequel a fini pendu. Une enfance de voleur de fruits, des amours avec la belle Babeth, un mariage trompeur, une richesse à la provenance douteuse... Ce n'est pas un récit d'apprentissage où la vertu triomphe et ici, les étapes traditionnelles du roman biographique sont moquées gaiement. Cette nouvelle se moque visiblement de la vision d'un supposé bon peuple naïf à la mode au XVIIIe siècle. Jean-l'ont-pris est indéniablement de la famille de Jacques le fataliste et loue le plaisir pris à beaucoup manger. Enfin, le langage a une verdeur, une crudité, un sens de la vie propre à son temps.
Notez que le baron parle français tandis que le paysan répond en occitan.
  
La place est bonne et fait honneur. La première année nous nous en ressentîmes si bien, ma grand-mère et moi, qu'elle en creva et que j'engraissai comme un chapon.

F. Boucher, Étude d'une poule,  vers 172 7-28, Nationalmuseum de Stockholm,
L'avis de Virginy.


Merci à l'éditeur Caillon Dorriotz qui m'a proposé cette lecture (et qui présente aussi des titres québécois très intéressants).

2 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Fumer le fenouil du cimetière ? Je ne connaissais pas cette expression.

nathalie a dit…

La langue paysanne du XVIIIe siècle a de l'originalité.