La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 18 mai 2015

Dès le vestibule, l’oppressante odeur de la richesse vint l’assaillir.

Stefan Zweig, Le Voyage dans le passé, 1929, traduit de l’allemand par Baptiste Touverey.

Ce petit livre est paru en France il y a seulement quelques années, présenté comme un incroyable inédit. C’est un roman court, très brillant, mais peut-être un peu vide.

Au début du livre, le héros retrouve une femme à la gare. Pendant le voyage en train, il se plonge dans le passé quand il est arrivé jeune secrétaire dans cette maison bourgeoise et qu’il est tombé amoureux d’elle – elle n’a pas de prénom. Ce fut une folle et chaste passion. Séparés pendant des années, ils se revoient enfin. Le temps a passé – que faut-il faire avec ces beaux souvenirs ? Le présent risque d’avoir un parfum d’amertume.

Je ne gardais pas grand souvenir de ma première lecture. Les 100 pages s’avalent vite. Mais j’avoue que cette relecture est une heureuse surprise. Le rythme est en effet rapide, comme le tourbillon des souvenirs, comme si les héros ne pouvaient pas résister à leur destin et qu’il n’y avait aucune prise dessus. Certaines descriptions d’émotions sont fines et précises à la fois. L’homme semble pris de la folie d’amour, humant le parfum de lettres effacées, forçant les faits pour les voir coïncider avec les rêves de sa jeunesse. Il se raccroche à un modèle romanesque, tout en étant pris par un vif désir sexuel qui semble le dû de l’amour. Il m'a semblé que le héros courrait tout autant après sa jeunesse qu'après son amour. Mais le temps ne revient jamais en arrière.
Thoma, Bouquet de fleurs des champs, 1872 Berlin, Ancienne galerie nationale
Malgré tout, la peinture sociale est forte avec l’opposition entre la maison bourgeoise encore ancrée dans le XIXe siècle et les manifestations nazies des dernières pages, qui symbolisent la crudité et la violence de la réalité et du présent.

Mais jamais ne lui fut accordée à lui, le soupirant, l’entière possession du corps aimé, qu’il sentait, passionnément cabré derrière la barrière de l’insensible robe, se presser pourtant nu et brûlant contre lui – jamais, dans cette maison très éclairé, toujours en éveil et où les murs avaient des oreilles, il ne l’approcha vraiment.

En écho avec la lecture de La Confusion des sentiments par Le Club des lectrices. Sur ce livre, les avis du blog Des mots sur des pages et du blog Tasse de culture.


8 commentaires:

Tania a dit…

Zweig a l'art de tisser une atmosphère, je préfère toutefois "La confusion des sentiments" à cette longue nouvelle.

miriam a dit…

Un peu vide Zweig? je vais le lire de toutes façons il est court

Syl. a dit…

Il me semble l'avoir et ça me donne envie de le lire.

Asphodèle a dit…

Finalement il n'était pas si vide vu ton emballement final ! ;) J'en ai 5 dans ma PAL (dont certains à relire)...

nathalie a dit…

Je ne crois pas l'avoir lu (ou alors j'ai un peu oublié).

nathalie a dit…

Disons qu'il y a un je ne sais quoi d'un peu vain dans cette course contre le temps.

nathalie a dit…

Allez, lance-toi !

nathalie a dit…

Oui j'ai un avis qui balance entre un souvenir d'une 1e lecture et cette relecture qui est une heureuse surprise.