La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 10 octobre 2014

C’était l’austère simplicité de la fiction plutôt que la trame embrouillée de la réalité.

Raymond Chandler, Le grand sommeil, 1939, traduit de l’américain par Boris Vian (la classe).

De même que j’ai l’intégrale Dashiell Hammett, j’ai l’intégrale Chandler de chez Quarto avec reprise des textes sans coupure, traductions révisées et tout le toutim. J’ai donc pu relire avec joie ce chef d’œuvre de la littérature noire.

Je retirai mes lunettes noires et en tapotai délicatement l’intérieur de mon poignet gauche. Si on peut jouer les libellules quand on pèse 85 kilos, je crois que je faisais de mon mieux.

Le narrateur est Philip Marlowe, un privé, qui se rend chez le vieux général Sternwood, lequel est doté de deux filles pas piquées des hannetons. Chantage, meurtres, baisers, femmes fatales, vrais et faux durs, beaucoup d’alcool et de cigarettes, nous parcourons un Los Angeles loin des lumières.
C’est un livre pour les amoureux du polar et de ses codes, l’action est musclée et peu de personnages s’en sortent vraiment.

C’était un matin frais et l’air était tout juste assez mordant pour vous faire trouver la vie simple et douce si vous n’aviez pas trop de soucis en tête. J’en avais.

À la différence d’Hammett, les descriptions sont nettement plus travaillées et les adjectifs plus nombreux. Chandler est sensible à l’atmosphère. Surtout, son héros a une intériorité psychologique. Alors que Spade était impénétrable et capable de tous les retournements de position, Marlowe représente plus le type du privé avec des soucis de femmes et de dépression, dont on peut suivre les pensées. Le personnage est perdu dans la solitude, oscillant entre goût pour l’humour et la sensualité.

Je me piquai au bord d’un fauteuil doux et profonds et regardai Mrs Regan. Elle en valait la peine. Elle n’avait pas l’air de tout repos.

Le livre est aussi plein d’humour et de remarques ciselées, justes et cruelles,  j’ai marqué de nombreuses pages – j’aime cette ironie, même si elle est souvent incorrecte.

-       Qui était-ce ?
-       Miss Carmen Sternwoood, monsieur.
-       Vous devriez la sevrer. Elle doit avoir l’âge.

2 commentaires:

Eeguab a dit…

Tant Chandler que Hammett m'ont rendu la vie plus supportable,tout simplement.

nathalie a dit…

Et la perspective d'avoir encore des centaines de pages à lire me réjouit.