La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 30 décembre 2013

Tout ce qui s’accorde à la pensée de Mao Zedong est juste. Tout le reste est déraisonnable.


Harbin 1966 Séance d'autocritique
Li Zhensheng, Le petit livre rouge d’un photographe chinois, Phaidon, 2003. Traductions de Jiang Rong et Sabine Boulongne

Ce livre accompagnait une exposition de photos qui s’était tenue à Paris il y a quelques années.
Li Zhensheng est photographe chinois, il a vécu et documenté la Révolution culturelle en 1966. Ce livre rassemble son témoignage et ses photographies, celles parues dans la presse du temps et celles qu’il a cachées car montrant une face négative de l’événement. C’est vraiment intéressant. Si vous avez lu les romans de Qiu Xiaolong, vous avez une idée des traumatismes vécus par la société chinoise. Mais il s’agit ici d’un récit détaillé. Aucun Chinois n’a pu passer à côté de cet événement, chacun a été tour à tour victime ou bourreau, tout simplement parce qu’il n’était pas possible de faire autrement. Li Zhensheng raconte sa façon de travailler, ses stratégies de survie, les astuces pour traverser les séances d’autocritiques et pour, malgré tout, faire carrière. Il y a aussi des considérations matérielles sur la prise de photo (le rationnement des pellicules par exemple). 
Le livre donne enfin une vision chinoise sur la politique du pays et permet de voir d’où vient la Chine.


Harbin 1966. Des jeunes mariés décorent leur chambre à coucher avec des photos et citations de Mao. Critiqués par la suite pour avoir fait l’amour sous les yeux de leur leader, ils ont affirmé qu’ils éteignaient toujours la lumière.


Province du Heilongjiang, 1969. Soldats et pilotes de l’Armée Populaire de Libération étudient le Petit Livre rouge.


Commune de Chaoyang, 1974. Les équipes de travailleuses. Le sous équipement technique est affligeant. En 1974, pas de pelleteuse pour les travaux d’irrigation ou de mise en état des sols. Des pioches, des charrettes tirées par des chevaux ou des boeufs, les brouettes menées par les femmes...

Ce livre force à appréhender avec précaution cette période mal connue. Certaines photos relèvent de la propagande. Mais c’est le regard porté dessus qui a changé. Les photographies de milices d’enfants ne nous enthousiasment plus, au contraire. Celles illustrant le culte de la personnalité de Mao sont du même ordre : positives dans un contexte, négatives dans un autre. D’autres ont été tirées à partir de négatifs restés cachés car illustrant les violences des événements.

Dernier billet de 2013.





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