La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 27 septembre 2013

Et au cinquième étage, en haut, on voit un après-midi d’hiver qui passe derrière le remblai du stade.


Herta Müller, Le Renard était déjà le chasseur, paru en 1992, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éditée en France par Le Seuil.

Un roman dont il va être difficile de faire passer l’atmosphère si particulière. Une langue poétique et sobre, souvent absurde, au point où les 10-20 premières pages semblent manquer de sens. Mais cette langue met peu à peu en place un univers pesant, celui d’une dictature. Au milieu du livre le nom est dit : Ceausescu.
Nous suivons la vie de quelques personnages, Adina une institutrice qui se rend compte qu’elle est surveillée, son amie Clara et son amant inquiétant, Pavel, Paul, la vie dans une usine où le régisseur exerce son droit de cuissage, les interrogatoires de police. C’est un monde oppressant. 

Et, à une hauteur que rien n’atteint, les peupliers découpent l’air bûlant. Les peupliers sont des couteaux verts.

La simplicité des mots décrit cet univers en maintenant une fragile distance. La poésie des images traduit en réalité l’absurde et l’intégration de comportements de méfiance et de malaise. Les animaux et les objets font partie de ce monde concentrationnaire et traduisent efficacement l’enfermement des personnages.


Vue générale contrastée de La Colonne sans fin de Târgu Jiu
1938, Paris, Centre Pompidou, image RMN
Le lecteur comprend lentement que l’on se trouve dans la Roumanie, les mots précis apparaissent progressivement. Mais Müller excelle à rendre l’atmosphère de la dictature, où l’œil du tyran est présent partout, voit tout. Si ce roman est moins explicite et plus complexe que La Convocation, il est largement aussi fort.

Le soleil est loin au-dessus de la ville. Les cannes à pêche projettent des ombres, l’après-midi s’appuie sur les ombres. Quand le jour va basculer, pense Adina, quand il va glisser, il creusera de grands sillons dans les champs autour de la ville, le maïs se cassera.

Prix Nobel de littérature (ce n'est pas une petite). Des femmes écrivains. Billet de Marilyne, de La Ruelle bleue.




3 commentaires:

miriam a dit…

j'aurais adoré faire des louanges à cette écrivaine. je m'intéresse à la Roumanie. J'ai aimé les villages saxons. Ses propos sont pertinents. Mais je ne suis pas arrivée à lire le livre; Il m'est tombé des mains. Le langage m'est apparu difficile, rebutant

nathalie a dit…

C'est vrai qu'il faut s'accrocher, le début surtout est très obscur. La Convocation est beaucoup plus lisible et dur dans son évocation de la dictature. Il aurait peut-être fallu commencer par celui-là.

miriam a dit…

Excuse moi de ce commentaire qui est un peu déplacé : mais il y avait un challenge victorien. Est-ce qu'il court toujours? si oui voici un lien pour une expo
http://miriampanigel.blog.lemonde.fr/2013/09/29/desir-et-volupte-a-lepoque-victorienne-a-jacquemart-andre/