La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 30 août 2012

Exposer la philosophie à la foule c’est provoquer chez les hommes un grand mépris pour les réalités divines.


Maria Dzielska, Hypathie d’Alexandrie, traduit de l’anglais par Marion Koeltz, 1e éd. 1995, Paris, Des femmes, 2010.

Hypathie rode dans la pensée occidentale depuis le XVIIIe siècle comme étant une jeune et brillante philosophe d’Alexandrie, païenne, tuée et mise en pièce par des chrétiens. L’histoire est racontée depuis avec des variantes : elle incarne l’intolérance du christianisme, ou le fanatisme inhérent à toute religion. Elle incarne la fin de la brillante philosophie de l’Antiquité (avec sa douceur de mœurs) et le début d’une longue période d’obscurantisme qui ne s’achèverait qu’avec le siècle des Lumières. Elle symbolise tout à la fois la fin de la liberté intellectuelle due au christianisme et la disparition des dieux grecs, placés du côté de la tolérance. C’est la victime d’une foule bestiale, c’est la victime du sexisme chrétien, les interprétations psychanalytiques n’ont pas manqué non plus.
Maria Dzielska, en historienne, reconstitue ce qu’il est possible de savoir avec exactitude de l’enseignement philosophique qu’Hypathie tenait dans l’Alexandrie du IVe siècle (néoplatonisme, philosophie, mathématiques, pratiques occultes, enseignement privé ou public ? qui sont les disciples ?), de sa vie et des circonstances de sa mort. Elle précise les identités de tout le monde, sans fantasme. Elle aborde ainsi le climat religieux, politique et philosophie d’Alexandrie, remet en question la notion de fin d’Antiquité et mentionne de nombreuses femmes maîtres de philosophie.

Portrait funéraire, provenant de l'Égypte
romaine. Londres, British museum,
image RMN.
C’est un livre d’histoire, avec des mots grecs, ce n’est pas pour les enfants, c’est très intéressant et enrichissant, en nous faisant connaître une personnalité et surtout un climat intellectuel très particulier. Une respiration, une pause parmi les gros romans pleins de passions que j’ai lus cet été. Merci Sylvie qui me l’a prêté !

Début :
La vie d’Hypatie, marquée par les circonstances dramatiques de sa mort, était imprégnée de légende bien avant que des universitaires ne tentent d’en reconstruire une image exacte. Embellie dans les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende d’Hypathie est extrêmement populaire depuis des siècles, mais jusqu’à ce jour toutes les tentatives pour présenter la vie de cette femme de manière impartiale ont échouée.

Un livre qui entre dans le pari Hellène et qui, à mon sens, pourrait dans le challenge Destins de femmes auquel certaines participent.





7 commentaires:

Le cottage de Myrtille a dit…

Ce livre m'intéresse beaucoup, ajouté à ma wish ! Merci pour cette découverte :)

Marie a dit…

C'est exactement ce que je cherchais : un livre qui parle de ce personnage fascinant en se reposant sur les informations qu'on peut avoir et pas le folklore qu'il y a autour d'elle. Je note!

nathalie a dit…

De rien Myrtille, pour moi aussi c'était une découverte passionnante.
Marie : heureuse de te voir satisfaite.

Arieste a dit…

je serais ravie d'en savoir davantage sur cette philosophe, je note ce livre :)

nathalie a dit…

Oui Aymeline, je t'encourage !

Asphodèle a dit…

Moi aussi elle m'intéresse beaucoup mais est-ce facile à lire, enfin pas trop "scolaire" j'entends ? Je note...

nathalie a dit…

Ce n'est pas facile à lire, ce n'est pas un roman. Ce n'est pas scolaire, c'est universitaire, un peu aride mais assez court.