La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 7 mars 2012

Vivante et terrible, il sent, sous ses pieds, bouger la colline.


Jean Giono, Colline, 1929.
  
L’histoire se déroule aux Bastides, dans la montagne de Lure, en Haute-Provence. Il y a quelques maisons au pied de la colline, avec des familles, des champs. Un jour tout se dérègle : le vieux Janet a une attaque et reste cloué au lit. Il « déparle », délire croit-on. Un chat noir apparaît. La fontaine se târit. La petite Marie tombe malade. À tout cela on peut trouver des causes naturelles. Ou l’attribuer à la malignité, à Janet qui ne veut pas mourir seul et veut tout détruire avec lui, à la colline qui n’accepte plus les hommes et veut les tuer.
Giono nous peint un univers panthéiste, où tout est vivant, où tout pourrait être vivant : la colline qui surplombe les hommes, la terre labourée, les animaux tués et mangés., l’eau qui chante… la Provence est un endroit dur, où la sécheresse est une menace, où le feu dévore tout (très impressionnant récit d’incendie), où le choléra contraint à abandonner des villages entier.

Deux jours et deux nuits le vent a soufflé. Il était chargé de nuages ; maintenant il pleut. L’orage qui bouchait les défilés du fleuve s’est levé. Comme un taureau fouetté d’herbes, il s’est arraché à la boue des plaines ; son dos musculeux s’est gonflé ; puis il a sauté les collines, et il s’est mis en marche dans le ciel.
Il pleut. Une petite pluie rageuse, irritée, puis apaisée sans motif, lardée des flèches du soleil, battue par la rude main du vent, mais têtue. Et ses pieds chauds ont écrasé l’avoine. Le peuple des hirondelles et des merles bruit dans les arbres.

C’est la langue si particulière de Giono, avec des mots de provençal çà et là pour désigner des herbes, des oiseaux ou des gestes. C’est un univers matériel très concret, les lieux, la nature sont caractérisés, ont une couleur, une épaisseur, un poids et vivent.
La solidité et la beauté de la littérature classique. Je le relirai.

Région de la montagne de Lure. Images M&M.

6 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un roman qui sent bon la Provence...

nathalie a dit…

Oui mais ce n'est pas une Provence de carte postale, c'est un paysage beau et dur.

Asphodèle a dit…

J'ai lu ces livres (Regain, Colline et d'autres) tous les étés de 12 à 15 ans pendant mes vacances à la campagne (pas dans le sud) et je lui dois mes premiers émois littéraires poétiques ! Je me sentais en osmose avec ce qu'il disait ! Je devrais le relire, tu m'as fait envie et certaines choses dont tu parles (les incendies, etc) sont encore bien présentes...(troisième essai, p**tain de m*** !!!)
P.S. : ça devient infernal pour les "mal-voyants" comme moi de laisser un comm : ils nous demandent DEUX hiéroglyphes maintenant !!! Tu ne peux pas les désactiver ? J'ai vu qu'ils n'existaient pas sur certains blogs BS ? problématique, deuxième essai, je ne comprends pas une lettre sur deux !

nathalie a dit…

Moi aussi les hiéroglyphes me dérangent, mais enfin j'en suis venue à bout !
Je compte continuer ma lancée sur Giono, c'est vraiment magnifique oui.

Aymeline a dit…

ah Giono, j'aime beaucoup il faudrait que je lise ce livre-ci :)

nathalie a dit…

J'en ai lu au lycée mais ce fut un ratage, donc c'est un peu comme si je le découvrais réellement pour la première fois. C'était une découverte très belle.