La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 19 mars 2012

Il était planté dans l’attitude contemplative du colosse de Rhodes, un pied dans mes pousses de tubéreuses et l’autre au milieu de mes pensées.


Mark Twain, Dompter la bicyclette, traduit de l’américain par Emmanuel Malherbet, 1e publication 1917, Paris, Les Éditions du Sonneur, 2011.

Il s’agit d’une nouvelle où le narrateur – est-ce autobiographique ? peut-être un poil exagéré ? – apprend à faire de la bicyclette. Enfin du moins, essaie.

Quand vous êtes sur le point, en matière de cyclisme, de pouvoir à peu près tenir la machine en équilibre, de la faire avancer et de la diriger, il faut passer à l’exercice suivant : monter dessus. Procédez ainsi : sautillez sur le pied droit, en vous postant derrière elle, le pied gauche posé sur le support de monte, le gouvernail bien en mains. Au signal, dressez-vous sur le support, la jambe gauche tendue ; lancez l’autre jambe en l’air, de manière généralement hasardeuse, appuyez l’estomac contre l’arrière de la selle, et tombez – d’un côté ou de l’autre, mais tombez. Relevez-vous, recommencez une fois encore, puis encore et encore.

La bicyclette est un cheval sauvage qu’il s’agit de dompter, qui remue du guidon, dont on descend en tombant et qui fonce sur tous les obstacles de la route. Ces efforts laborieux se font sous le regard de l’instructeur, un homme aux biceps prononcés, et d’un garnement facétieux – cousin de Tom Sawyer à n’en pas douter. On trouve cet humour sérieux et burlesque à la fois, aux dépens de l’auteur narrateur, qui permet d’affronter tous les aléas de la vie, tout en comparant ses muscles à des « rognons pétrifiés ».

Ramon Casas, Ramon Casas et Pierre Romeu sur un tandem,
1897, Barcelone, Musée d'art catalan, image M&M.

Les Éditions du Sonneur font suivre cette nouvelle de deux autres où le narrateur est encore confronté à la modernité : une forêt de paratonnerres et une machine à écrire. Le résultat est toujours aussi catastrophique.

2 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Au moins, une fois que l'on a appris, on ne l'oublie pas de sitôt...

nathalie a dit…

Oui c'est sûr ! Mais Twain ne maîtrisait ni cheval ni vélo, il était plus à l'aise sur un bateau apparemment.