La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 23 novembre 2011

ce qu’ils ont vraiment vu en face d’eux, ce n’étaient pas les anges, c’étaient les archers d’Azincourt !


Hédi Kaddour, Savoir-vivre, Paris, Gallimard, 2010.

Assez récemment je vous ai parlé de Waltenberg, le premier roman fleuve de Kaddour, embrassant le XXe siècle par la coulisse et la petite histoire. Savoir-vivre est une petite chose, qui pourrait constituer un des chapitres de Waltenberg (la plupart des personnages de Savoir-vivre sont dans Waltenberg) mais qui est (à mon sens) bien mieux réussi (plus resserré, moins décousu) (et qui se lit de façon totalement indépendante).
Mas est un journaliste français, travaillant dans le Londres des années 30. Il est amoureux de Lena, la cantatrice américaine. La ville est parcourue par les défilés d’anciens combattants de la Grande Guerre, par toux ceux tentés par les idées nationales-socialistes en vogue dans toute l’Europe. Max rencontre un maître d’hôtel, un vétéran, un héros de la guerre 14, partie prenante de ces mouvements fascistes. Les discussions se déroulent entre les deux hommes, les deux hommes et la femme, on raconte, on écoute, on pense à part soi. Jusqu’au coup de théâtre de la page… Incroyable coup de théâtre, invraisemblable mais vrai comme dans les meilleures pièces de théâtre.
Très belle évocation du Londres des années 30 et de l’atmosphère militariste qui enfièvre la ville. Mais ce que j’ai particulièrement aimé, ce sont les récits des répétitions de Lena et de son pianiste, les lieder de Schumann, la poésie allemande s’entrecroise avec sa traduction, avec les pensées et les états d’âme de Léna, la musique comme expression de son intériorité sensible.


« Non, Thibault, il faut revenir là-dessus, "être seulement comblée et triste", la troisième strophe, la fin de la strophe ! … qu’est-ce qui me prend ? je ferais mieux de me taire, non, c’est la musique qui veut parler, et lui il fait l’histrion… Schumann a écrit ritardando, Thibault, ne me regarde pas comme ça, là seulement, "Selig nur und traurig sein", j’ai besoin de la nuance, "sein", une blanche pointée, et c’est le seul endroit où tu n’as pas de transition au piano, je veux seulement dire que pendant une fraction de seconde on n’est plus dans le simple élan, être comblée et triste, c’est une tension, c’est contradictoire, non, je ne coupe rien en quatre… »


2 commentaires:

Marc a dit…

Les rois maudits! C'était génial! J'ai la série quand j'étais jeune. Ma mère m'offrait un livre de la saga à chaque fois que j'avais un bon bulletin... et finalement, j'ai quand même réussi à tous les avoir!

nathalie a dit…

Ben moi je découvre seulement. En réalité j'ai fini il y a quelques jours, je dirai bientôt ce que j'en pense...